Coronavirus : Reconfinement, couvre-feu étendu… Quelles sont les options possibles ?

Après avoir réuni ces mardi et mercredi un Conseil de Défense, Emmanuel Macron devrait annoncer de nouvelles mesures de restriction sanitaire

EPIDEMIE – Après avoir réuni ces mardi et mercredi un Conseil de Défense, Emmanuel Macron devrait annoncer de nouvelles mesures de restriction sanitaire

Que va-t-il nous tomber sur la tête ? De nombreux Français se posent la question, alors que le président de la République réunit ce mardi et mercredi deux Conseils de défense consacrés à l’épidémie. Il devrait à la suite de ce dernier, annoncer de nouvelles mesures de restriction afin de faire face à la deuxième vague de coronavirus particulièrement violente en France.

Invité sur France Inter ce mardi matin, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a d’ores et déjà mis en garde les Français sur la dureté des prochaines mesures : « Il faut s’attendre à des décisions difficiles. » Si aucune décision définitive n’a été choisie pour l’instant, différentes options, notamment réclamées par le Conseil scientifique, des épidémiologistes ou des professionnels de santé ont émergé depuis plusieurs jours. 20 Minutes fait le point sur celles-ci. 

Une extension du couvre-feu

L’option la plus « douce » pour les Français. Cela signifierait que le couvre-feu pour l’instant appliqué à 54 départements pourrait être étendu « au niveau du territoire national », a expliqué sur RTL le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy. Il a affirmé que cette extension se ferait également sur les horaires. Pour l’instant, le couvre-feu est fixé de 21 heures à 6 heures du matin, mais il pourrait être avancé à 19 heures ou 17 heures par exemple.

« Le but est vraiment d’éviter les rassemblements, car on a vu avec le couvre-feu actuel que les gens au lieu d’aller boire des coups à 20 heures, le font à 18 heures en sortant du travail, explique à 20 Minutes Fabienne El Khoury, épidémiologiste et chercheuse à l’Inserm. Cela pousserait aussi plus d’entreprises à mettre leurs employés en télétravail. Or, des études récentes montrent que c’est un bon moyen pour ralentir les contaminations. »

Des confinements ciblés

En plus d’un couvre-feu étendu, le gouvernement pourrait décider d’appliquer un confinement le week-end. « Là encore, c’est un moyen d’éviter les rassemblements, particulièrement ceux en espaces clos, privilégiés en cette période hivernale et où le virus circule davantage », détaille Fabienne El Khoury.

Des reconfinements locaux dans les zones où le virus explose font également partie des options. Cette mesure est déjà appliquée par plusieurs de nos voisins européens comme l’Espagne avec la région de Navarre, l’Allemagne ou encore le Portugal. « Cela peut être une façon de limiter les contaminations s’il y a des clusters concentrés dans des zones et que l’on est en capacité de bien tracer les cas », nuance l’épidémiologiste.

Sur LCI, l’épidémiologiste Martin Blachier propose de ne reconfiner que les personnes les plus fragiles, afin d’empêcher que « le virus rencontre la population qui risque de se retrouver à l’hôpital ». « C’est délicat d’appliquer des mesures spécifiques à certaines personnes, mais ce qui est sûr c’est que les personnes âgées ou avec des antécédents médicaux doivent faire plus attention et la population doit aussi prendre soin d’elles », estime Fabienne El Khoury.

La fermeture des établissements scolaires

L’épidémiologiste et professeur de santé publique à l’université de Genève, Antoine Flahault conseille de ne pas rouvrir les collèges, les lycées et les universités le 2 novembre. « Je pense, pour ma part, qu’il ne faudrait pas que les écoles rouvrent à la rentrée des vacances de la Toussaint », a-t-il déclaré sur BFMTV, considérant qu’il s’agissait de lieux où la transmission du virus était élevée.

« Les études menées dans divers pays sur l’efficacité des mesures contre le Covid-19 montrent que c’est efficace, admet Fabienne El Khoury. Le problème, c’est que pour les écoles primaires cela oblige les parents à garder les enfants à la maison. Il faut regarder la situation dans son ensemble. » Antoine Flahault propose à ce sujet de garder les écoles primaires ouvertes, mais « d’imposer le port du masque, même aux enfants de plus de 6 ans ».

Un confinement total

La demande émane de nombreux épidémiologistes et professionnels de santé qui considèrent déjà la situation comme hors de contrôle et craignent de voir les hôpitaux débordés par cette seconde vague. « Il faut confiner le pays dès aujourd’hui et cela n’aura de conséquence que dans une quinzaine de jours, ce qui est déjà tard au vu du nombre croissant d’hospitalisations ces derniers jours, explique à 20 Minutes l’épidémiologiste Catherine Hill. Ce sont des malades que l’on va retrouver d’ici 8 à 15 jours dans les services de réanimation qui seront débordés. »

C’est également l’avis du professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon à Paris qui appelle à « reconfiner clairement le pays ». « La difficulté actuelle est précisément dans le fait qu’on a une dimension nationale de l’épidémie, c’est le paradoxe, alors qu’on était plutôt dans une épidémie concentrée (sur quelques régions, ndlr) en France à la première vague », a-t-il indiqué sur BFMTV.

Sur RTL, Jean-François Delfraissy a assuré que ce confinement total pourrait être « moins dur » et moins long que celui de mars à mai. Il « permettrait probablement de conserver une activité scolaire et un certain nombre d’activités économiques », avec un recours accru au télétravail, a-t-il précisé.

Cependant, l’exécutif craint l’impact économique et psychologique que pourrait provoquer cette décision. « Si on reconfine totalement comme on l’a fait en mars, ce n’est pas moins 10 % de récession qu’on risque, c’est un écroulement de l’économie », a ainsi averti le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, sur RMC. De son côté, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a confirmé que le produit intérieur brut (PIB) français allait de nouveau baisser au dernier trimestre 2020, en raison des restrictions imposées par la deuxième vague.

Tester en masse

Pour l’épidémiologiste Catherine Hill, il ne faut pas se contenter de confiner tout le pays sans rien faire d’autre. « Le gouvernement prend cette épidémie contagieuse à l’envers. Actuellement, on recherche et on trouve les cas positifs beaucoup trop tard, explique-t-elle. A cause des délais, ces personnes ont eu le temps d’en infecter beaucoup d’autres, donc cela ne sert à rien. Par ailleurs, la moitié des contaminations sont le fait de porteurs asymptomatiques. Si on ne les cherche pas, l’épidémie continue. Pour trouver et isoler les porteurs asymptomatiques, il faut tester massivement la population et isoler les cas positifs. C’est la seule solution, sinon on va à la catastrophe. »

Quitter la version mobile