Guerre en Ukraine: Paris et Berlin veulent «mettre Vladimir Poutine au pied du mur»

La discussion continue, «franche et difficile». Emmanuel Macron, rejoint par le chancelier allemand, Olaf Scholz, s’est entretenu ce samedi avec le président Vladimir Poutine, pendant une heure et demie, ce qui semble être devenu la durée normale de ces appels téléphoniques fréquents. Un impératif pour le président français, dans le cadre «des efforts internationaux» pour que Poutine «cesse la guerre en Ukraine».

Ce neuvième coup de fil depuis la rencontre, le 7 février, des chefs d’Etat français et russe, s’est concentré sur l’urgence d’un cessez-le-feu préalable à toute négociation, dans la lignée de l’appel de jeudi. «Il a le choix et il doit faire le bon choix. Le bon choix est en effet celui de la diplomatie et la diplomatie ne se fait pas avec un pistolet sur la tempe.» Il s’agit, pour l’Elysée, de mettre «le président Poutine au pied du mur du respect de ses engagements. […] Il nous doit des comptes».

Sanctions de «type iranien»

A cette fin, réunis à Versailles, jeudi et vendredi, les 27 ont réitéré leur détermination à continuer de mettre en œuvre des sanctions, toujours plus dures, pour «renchérir le coût de la guerre pour [Poutine]», des sanctions «historiques», de «type iranien», destinées à «la mise au ban [de Poutine] de la communauté internationale, comme la Corée du Nord, ou la Syrie d’Assad.» Sans aucun «tabou», martèle l’Elysée.

«Le moment est dramatique», poursuit Paris. Au dix-septième jour de la guerre, le port de Marioupol est lourdement pilonné, compte ses morts par milliers et est au bord de l’asphyxie, sans eau ni électricité depuis des jours. «La situation est désespérante, humainement insoutenable», a indiqué l’Elysée. Dans le même temps, les chars russes se sont encore rapprochés de Kyiv. L’inquiétude est également de mise à Melitopol où le maire est porté disparu, après avoir été enlevé vendredi par les forces russes.

Les actes de la Russie, au regard du droit humanitaire, «sous réserve de l’enquête en cours de la Cour pénale internationale, peuvent être qualifiés de crimes de guerre.» Quant aux tentatives dVladimir Poutine de convaincre ses interlocuteurs que c’est l’Ukraine qui serait coupable de «violations flagrantes» en transformant les civils en «boucliers humains», ce sont des «mensonges», précise l’Elysée.

«On a commencé à parler»

Le président russe n’a pas manifesté sa volonté de faire cesser la guerre, souligne encore Paris. Mais une certaine inflexion est perceptible dans son langage. Il ne parle plus de «dénazification de l’Ukraine», et l’expression semble moins utilisée de manière générale par le Kremlin. Il n’a pas exigé non plus le départ de Volodymyr Zelensky. Mais il «a reporté, comme à son habitude, la responsabilité du conflit sur l’Ukraine et donc justifié, comme il le fait très souvent et comme le font les autorités russes avec lui, la responsabilité de mettre un terme à la guerre, sur les autorités ukrainiennes».

Ce qui n’a pas empêché le président ukrainien d’évoquer une «approche fondamentalement différente» de Moscou. Lors des dernières discussions, «on a commencé à parler», et Moscou «ne pose plus simplement des ultimatums», a dit Volodymyr Zelensky lors d’une conférence de presse samedi. Il s’est lui aussi entretenu avec Emmanuel Macron et Olaf Scholz, comme presque tous les jours, leur faisant part de son inquiétude pour le maire de Melitopol et leur demandant de s’enquérir de son sort auprès de Vladimir Poutine. Ce dernier «doit revenir vers nous» à ce sujet, commente laconiquement l’Elysée.

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