Guinée : pourquoi le démarrage du dialogue politique retarde ?

Depuis le lendemain de l’élection présidentielle de 2010, un dialogue de sourds s’est instauré entre le gagnant Alpha Condé et le perdant Cellou Dalein Diallo, dont les partis sont respectivement le RPG arc-en-ciel et l’UFDG. Dans le sens commun, ces deux grandes formations politiques se partagent l’actualité. En quelque sorte, ils pèsent dans le landernau politique guinéen, et sont les principaux réservoirs de militants, mais leurs ancrages politiques constituent en arrière-plan sur une base ethnique.

La réélection d’Alpha Condé pour le troisième mandat a fait naître le regain de violences et d’arrestations dans les rangs de l’opposition et parmi les activistes de la société civile. Mais pour bon nombre d’avis, l’autoproclamation de l’opposant Cellou Dalein Diallo, son appel à défendre sa victoire à lui, aurait déclenché une forme de guérilla urbaine entraînant du fait des morts dans Conakry et dans certaines préfectures de l’intérieur du pays. Les forces de sécurité ont été pointées du doigt par des ONGs d’avoir fait usage de leurs armes à feu. Le cimetière de Bambeto regorgerait des victimes de ces violences, dit-on. Malgré cette tension palpable, l’exécutif se contenterait pour l’indépendance de la justice dans l’espoir que le droit sera dit. L’opposition portée par Cellou Dalein Diallo n’entend pas de cette oreille-là.

Aujourd’hui, la volonté politique pour démarrer le dialogue semble être affichée par l’exécutif. Un secrétaire permanant a été récemment nommé pour assurer ces pourparlers. C’est la personne de Fodé Bangoura, l’un des fidèles de feu général Lansana Conté, qui devrait, vraisemblablement, rapprocher les positions. Malgré cela, le principal parti d’opposition accueille cet événement avec prudence.  Car la ligne affichée par le parti de Cellou Dalein Diallo reste la revendication de la victoire de l’UFDG au sortir de l’élection du 18 octobre 2020. Une ligne de défense qui va certes se heurter à cette volonté politique du pouvoir, qui veut apparemment amorcer un véritable dialogue en vue de décrisper le climat politique.

La nécessité de nommer un facilitateur du dialogue

Ils sont beaucoup, nombre d’observateurs qui estiment que l’UFDG est sous les fourches caudines après avoir subi d’arrestations dans ses rangs. Ces avis ont du mal de voir comment le parti de Cellou Dalein Diallo va s’arranger ou s’affairer pour venir autour d’une table du dialogue dans un contexte marqué par l’emprisonnement de ses quelques membres. Mais tout cela ne sont que de simples avis citoyens – avec une parfaite récupération de l’émotion publique.  Aujourd’hui, la réalité en face, est que, le pouvoir, apparemment, affiche la volonté du dialogue, et que, l’opposition accueille prudemment cette main tendue de l’exécutif. Inéluctablement, sans un fil conducteur, c’est-à-dire le médiateur ou le facilitateur qui sera nommé à cet effet, pour tirer tous les protagonistes vers une même direction, le pays risquerait éventuellement d’assister au naufrage du principal parti politique de l’opposition, en l’occurrence, l’UFDG; d’où l’urgence rapide de nommer un facilitateur du dialogue, qui essayera relativement de coucher les structurels de ses futurs pourparlers tant souhaités d’une part, par ceux qui se montrent issus de la médiane politique, et de l’autre, ceux issus notamment des l’extrêmes politiques.

Par Makoura

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