Kabinet Keita, président de l’Association Scolaire et Estudiantine de Guinée: La Guinée doit faire de l’Education la priorité de ses priorités.(Interview)

Le système éducatif guinéen bat de l’aile chaque année. Le constat dans ce secteur n’est pas reluisant. Pour en parler, nous avons rencontré Kabinet Keita, il est étudiant en sciences Politiques, Président de l’Association Scolaire et Estudiantine de Guinée et actuel Secrétaire Général du Bureau Exécutif Provisoire de la Fédération des Élèves et Étudiants de Guinée (FEGUI).

Quelle perception avez-vous du système éducatif guinéen aujourd’hui ?

Le système éducatif guinéen dégage depuis plus d’une dizaine d’années maintenant, une image moins reluisante. C’est vrai qu’il y a des efforts en matière de taux de scolarisation à travers de pays, mais de façon structurelle, notre pays est encore à la traine. Les infrastructures scolaires manquent partout dans le pays, surtout en milieu rural, celles qui existent sont pour la plupart dans un état de délabrement poussé.

Il y’a aussi des déficits d’enseignants en dépit des recrutements en masse auxquels nous avons assisté. Quant à la qualité, c’est un lointain souvenir pour l’école guinéenne, aussi bien au Pré-universitaire que dans l’enseignement supérieur sans oublier celui professionnel, les produits de l’école guinéenne de nos jours, globalement sont moins…

Vous déplorez le fait qu’il y a un problème d’infrastructure dans le secteur de l’éducation, est-ce la baisse du niveau du système n’est pas dû aussi à un problème de conscience collective ?

Problème collectif, peut-être ! Mais, ce qu’il faut voir en premier, c’est la responsabilité des pouvoirs publics, l’éducation est un rôle régalien de l’Etat, c’est lui qui doit investir et dérouler une POLITIQUE NATIONALE D’ÉDUCATION. Mais, malheureusement !

Pour ce qui est des autres acteurs, chacun a forcément un petit grain de à apporter mais c’est plutôt marginal face à ce que l’Etat doit apporter.

Tous les jours, l’on constate le bas niveau des élèves et étudiants guinéen, que peut-on craindre les prochaines années dans notre pays ?

Déjà la situation est très critique, si rien n’est fait le pire est à craindre. Dans 20 ans, nous risquons d’importer des cadres techniques [Économistes, ingénieurs, etc…] parce que le niveau de nos apprenants est en chute libre. Nous avons tiré sur la sonnette d’alarme à plusieurs occasions, mais de l’autre côté c’est la sourde oreille. Or aujourd’hui, l’urgence se fait tellement sentir, que nous n’avons plus droit à l’erreur.

A quel niveau peut-on situer cette responsabilité selon vous ?

L’irresponsabilité de l’Etat, la légèreté des parents combinée à l’insouciance de la société et la paresse chronique des Élèves et Étudiants.

Au vu des réalités actuelle, quelle peut être là solution, pour sortir le système éducatif guinéen de cette situation ?

Il faut une réforme globale et multiforme qui va au-delà des simples déclarations. La Guinée doit faire de l’Education la priorité de ses priorités. Le chantier est vaste, mais avec l’implication effective de tous les acteurs, tout ira pour le mieux et notre pays sera hissé au rang de meilleur. Il faut des écoles dans chaque village, des enseignants qualifiés pour chaque classe, des livres ou manuel pour chaque élève. Il faut des universités modernes qui soient des champs de la science, de la technique et des technologies. Nous avons besoin d’une école qui assure l’avenir de ses enfants et rassure la Guinée de demain, c’est ce dont on a besoin.

Quel regret avez-vous en voyant ce système dans cet état ?

Le regret d’une Guinée qui s’agenouille dans le concert des nations, le regret d’une génération qui va droit dans le mur, le regret de voir mon pays à la traine. Bien sûr, j’en suis révolté !

Pour finir, avez-vous un message à l’endroit de cette jeunesse, qui, en principe doit prendre conscience et faire changer les choses dans le pays ?

La jeunesse de Guinée doit refuser tout compromis qui compromettrait son avenir, elle doit se réveiller de sa torpeur et de sa léthargie, elle doit comprendre aussi que la corruption et l’incompétence sont ses ennemis. Seule une éducation de qualité, donc rigoureuse pourra la libérer. Il faut qu’elle s’y engage, jeunesse en marche pour ta liberté, l’école est la Solution.

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