La justice angolaise continue de lutter contre la corruption

Manuel Rabelais à la barre. L’ancien directeur de l’ex-Bureau angolais de revitalisation de la communication institutionnelle est poursuivi pour détournement de fonds, violation des règles d’exécution du plan et du budget et blanchiment d’argent.

Son procès se déroule depuis mercredi. Il a pour co-accusé, Hilário Santos, ancien assistant administratif de l’institution.

Le ministère public angolais déclare avoir la preuve que les accusés ont détourné de grosses sommes et ont transféré 252 800 euros des comptes de l’institution, alors que celle-ci n’était plus opérationnelle sous l’actuel président.

Il s’agit du troisième procès impliquant des personnalités de l’ère Dos Santos, accusées de détournement de fonds publics. Pour tenter de récupérer ces fonds, l’Angola a adopté en 2017 la loi sur le rapatriement volontaire des capitaux, restée en vigueur pendant six mois.

Mais pour l’avocat Sérgio Raimundo, qui a représenté les cas les plus médiatisés des procès pour détournement, cette loi n’a pas donné les résultats attendus :

« Vous voulez donc que les personnes qui ont travaillé pour l’État et volé de l’argent le restituent volontairement dans les six mois, et vous dites ceci dans le deuxième article : Les dispositions de la présente loi ne s’appliquent pas aux affaires antérieures à l’entrée en vigueur de la présente loi, qui ont été condamnées par un tribunal ou qui sont en état d’être mises en accusation dans le cadre d’une enquête de police, ou qui sont accusées dans le cadre de procédures pénales ou administratives pour avoir commis des crimes ayant un lien direct avec des ressources illicitement détournées ou expatriées à l’étranger. Alors ici, au paragraphe K, elle ne s’applique pas aux crimes de détournement de fonds ! Alors que le détournement de fonds publics de manière illicite est un crime de détournement de fonds », explique Sérgio Raimundo, du cabinet d’avocats Sérgio Raimundo e Associados

Le porte-parole du bureau du procureur général sur l’essence même de cette loi qui fait débat :

« Le rapatriement volontaire des capitaux est une chose qui a été accordée à tout citoyen, afin de rapatrier ces sommes et de les intégrer dans notre système financier. Ce qui se passe, c’est que la personne qui l’a fait, l’État lui a donné l’avantage de ne pas enquêter sur la provenance de ces valeurs, même si elles ont été acquises illégalement », souligne Álvaro João.

Récemment, la justice a appliqué des mesures coercitives à l’encontre des généraux Hélder Vieira Dias « Kopelipa » et Leopoldino do Nascimento, mis en cause dans l’enquête sur les activités du CIF – le Fonds international pour la Chine. Les deux accusés auraient restitué à l’État angolais, plusieurs biens mobiliers et immobiliers, dont le plus grand groupe de communication privé du pays, des actions de la société Biocom, 271 bâtiments et 837 maisons.

L’état a procédé aussi à la nationalisation de 60% des actions de Miramar Empreendimentos, une des sociétés sur lesquelles la justice angolaise a enquêté et qui possédait une unité hôtelière, selon le Diário da República, entièrement financée par des fonds publics, par l’intermédiaire de Sonangol-EP

Le Service national de recouvrement des avoirs a demandé à ses homologues de Suisse, des Pays-Bas, du Portugal, du Luxembourg, de Chypre, de Monaco et du Royaume-Uni de saisir ou de confisquer des avoirs et des fonds d’une valeur supérieure à cinq milliards de dollars, la liste n’est pas exhaustive.

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