Levecu.com – Président 2020 / Adama Kourouma : « Si rien n’est fait pour calmer cette situation, nous devons nous inquiéter du pire des cas »

Levecu.com - Président 2020 / Adama Kourouma : "Si rien n'est fait pour calmer cette situation, nous devons nous inquiéter du pire des cas"

L’élection présidentielle du 18 octobre prochain se prépare dans un contexte de tension. Les discours violents et parfois incitant à la haine se tiennent par certains acteurs de la vie politique. À Kankan, la deuxième grande ville de la Guinée, cette réalité se fait grandement sentir. Pour en parler, Ledjely.com a rencontré Adama Kourouma, le coordinateur régional du Mouvement populaire démocratique de Guinée (MPDG) en Haute-Guinée. Il exprime son inquiétude…


Ledjely.com : Bonjour Monsieur Kourouma. Quelle analyse faites-vous de la situation politique actuelle en Guinée ?

Adama Kourouma : la situation politique actuelle de notre pays est très inquiétante. Nous sommes en train de constater malheureusement une campagne accompagnée de vive tension avec des propos incendiaires de part et d’autre, mais aussi des affrontements et des provocations par endroit.

Vous êtes actuellement à Kankan. Dites-nous quel constat vous faites de la campagne électorale dans cette ville ?

La campagne électorale à Kankan se passe dans un climat politique très préoccupant. Le tissu social et la bonne cohabitation politique sont fortement menacés aujourd’hui dans la ville. Le parti au pouvoir règne en maitre absolu dans la violence verbale et physique, les banderoles appartenant à l’opposition sont déchirées, les installations saccagées, même le siège du principal parti d’opposition, l’UFDG, dans cette élection n’est pas épargné. Donc, si rien n’est fait pour calmer cette situation, à l’allure actuelle, il faut craindre le pire.

Est-ce que, selon vous, cela ne dénote pas la peur du camp présidentiel à aller dans cette élection avec une opposition déterminée, notamment Cellou Dalein Diallo ?

Vu tout ce qui se passe maintenant sur le terrain, nous pouvons dire sans se tromper que la peur a changé de camp… (rires).

Dites-nous, en analysant la situat

ion actuelle dans cette ville tout comme dans d’autres villes du pays, avez-vous l’espoir que c’est l’alternance qui pointe à l’horizon ?

Vous savez que notre parti, le MPDG,  a décidé de se retirer de cette élection parce que, selon nous, participer à cette mascarade électorale consiste à légitimer le coup d’état constitutionnel d’Alpha Condé. Nous nous sommes aussi abstenus de toute alliance politique. Donc, nous maintenons cette position de neutralité. Mais, il ne faut pas se voiler la face. Dans un pays comme la Guinée, l’alternance tant souhaitée ne sera pas d’actualité avec toute la machine de fraude dont possède le pouvoir en place ; je veux parler de l’achat des consciences, l’implication des autorités à tous les niveaux, les intimidations, le fichier électoral, la CENI, etc.

Mais il y a des jeunes aujourd’hui qui prennent conscience de cet état de fait. Vous ne pensez pas que c’est un moment crucial pour le parti au pouvoir ?

Le moment est certes crucial mais pour ces jeunes dont vous faites allusion, ce qui fatigue aujourd’hui le parti au pouvoir, c’est le manque de bilan à présenter à la population. Raison pour laquelle ils véhiculent des messages qui vont à l’encontre du vivre ensemble. Les gens d’aujourd’hui sont déçus de la gestion calamiteuse de ce régime, la frustration est grande partout. D’ailleurs, c’est ce qui constitue le véritable enjeu dans cette élection.

Alors, quel message avez-vous à l’endroit de tous les partis en lice pour cette élection ?

Je demande à tous les partis en lice d’œuvrer pour la paix, pour la quiétude et pour le bonheur de notre cher pays. Nous comptons sur eux pour mener une campagne civilisée et nous éviter la crise post-électorale. La Guinée ne mérite plus ces situations après 62 ans d’indépendance.

Propos recueillis par Aliou Diallo

source ledjely.com

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