Petite leçon de tambouille politique africaine

Les présidents ivoirien Alassane Ouattara et guinéen Alpha Condé à Boulouris (France), le 15 août 2019. REUTERS/Eric Gaillard/Pool

Les présidents ivoirien Alassane Ouattara et guinéen Alpha Condé à Boulouris (France), le 15 août 2019. REUTERS/Eric Gaillard/Pool

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Petite leçon de tambouille politique africaine

Publié le 13/10/2020 – 05:55

Les présidents ivoirien Alassane Ouattara et guinéen Alpha Condé à Boulouris (France), le 15 août 2019. REUTERS/Eric Gaillard/Pool

Mettez une pincée de fraude, ajoutez quelques astuces du chef au pouvoir, faites bouillir le tout… et plongez dans la marmite politique africaine. Alors que plusieurs pays organisent d’ici à la fin du mois des élections à haut risque, cette journaliste prévient : le ragoût pourrait avoir un goût amer

2020 a été l’année où nombre d’entre nous ont redécouvert qu’ils avaient une cuisine. Mais alors que certains essaient désormais de faire preuve de créativité dans leurs recettes, nos dirigeants préférés pensent toujours que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.

Ainsi, en Guinée, le président Alpha Condé est en train de se concocter un troisième mandat, tandis que cela se met à bouillonner autour de lui. Fin septembre, Amnesty International a rapporté qu’au moins 50 personnes ont été tuées dans des manifestations contre la réforme constitutionnelle qu’il a lancée pour rester au pouvoir. À quelques [jours] des élections [prévues le 18 octobre], le risque de voir des débordements est réel.

La Tanzanie se rend également aux urnes ce mois-ci [la présidentielle est fixée au 28 octobre], et les autorités semblent penser que les gaz lacrymogènes sont un ingrédient essentiel du processus démocratique. Ils ont été utilisés contre [le principal opposant], Tundu Lissu, et ses partisans, quelques jours seulement avant que la commission électorale ne suspende sa campagne pendant sept jours pour violation présumée des règles éthiques.

Un ragoût difficile à avaler

Lors d’une autre élection encore, [le 31] octobre, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a déjà mis les couverts du festin de son troisième mandat mais a oublié d’inviter ses principaux rivaux au dîner. En effet, les candidatures des anciens présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, ainsi que de l’ancien chef rebelle Guillaume Soro, n’ont pas été validées. Aucune femme non plus n’a été autorisée à se présenter aux élections présidentielles.

S’inspirant peut-être de Gordon Ramsay [célèbre chef cuisinier britannique, qui présente aussi des émissions télévisées] pour ses astuces culinaires, le président Ouattara a décrit Soro comme “un jeune homme qui a perdu la tête, qui est ivre de pouvoir et qui a sa place en prison”, laissant Soro s’étouffer avec son kedjenou[ragoût de viande d’Afrique de l’Ouest]. Mais, encore une fois, ceux qui trouvent cela trop dur à avaler n’ont qu’à quitter la table…

Par ailleurs, la pression s’accentue sur l’ancien président de la Sierra Leone Ernest Bai Koroma, interdit de quitter le pays et convoqué devant la commission de lutte contre la corruption pour répondre de faits de corruption présumée qui auraient eu lieu pendant son mandat. L’actuel président, Julius Maada Bio, affirme qu’en matière de comptes il a toujours fait à sa sauce.

Une pincée de piment

À propos de comptes de cuisine, l’auditeur général du Kenya a présenté un rapport fin septembre indiquant que le pays risquait de subir une perte de 21 millions de dollars suite au scandale concernant l’approvisionnement en équipements [de protection contre le] Covid-19 qui touche l’Agence kényane de fournitures médicales. Bon, à qui le tour de déguster ?

Une chose nous a toujours intrigués : pourquoi l’alimentation des pays occidentaux reste aussi fade alors qu’ils se sont ouvert les portes de toutes les épices du monde en colonisant une grande partie du globe ? Qu’à cela ne tienne ! Le gouvernement sud-africain pimente aujourd’hui un peu l’existence des anciens colonisateurs. En effet, la France, la Belgique, le Royaume-Uni et les Pays-Bas, pour ne citer qu’eux, figurent tous sur la nouvelle “liste rouge” des pays à haut risque pour le Covid-19, dont les touristes ne sont pas acceptés sur le territoire sud-africain malgré l’ouverture des frontières.

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